Voici un extrait de la page 275 :
Comme pour les vêtements, les chaussures traditionnelles furent concurrencées par les souliers fabriqués en Europe, et le mouvement d'abandon fut encore plus précoce et plus général que pour les vêtements traditionnels, J. Berque dit avec humour : " Les pieds, partie dédaignée, se sont... dirait-on ralliés les premiers ". Avant la fin du XIXème siècle, certains fabricants de chaussures (surtout Israélites) cherchant à s'adapter aux goûts de leur clientèle (évolution inverse de certaines entreprises européennes qui avaient fabriqué des produits imitant les articles traditionnels tunisiens) s'étaient consacrés à la fabrication de modèles européens. Et, à partir de la Seconde Guerre, à l'exemple des artisans israélites. les belghajiya s'étaient mis à fabriquer des chaussures de type européen. Ainsi, les chebrellas (chaussures d'origine andalouse). les bechmaq (chaussures d'origine turque) furent abandonnées par la plupart des citadines, d'abord, pour les kountra (chaussures en cuir verni à talon et à semelles clouées d'un type nouveau inspiré des chaussures européennes), puis, pour les chaussures européennes à hauts talons. Quant aux hommes, c'est vers les années 1930, que ceux-ci ne portèrent plus de chaussures traditionnelles (belghas) à part quelques éléments de la bourgeoisie traditionnelle. Quant à la population pauvre, celle-ci se procurait au lendemain de la première guerre soit des chaussures d'occasion, soit des chaussures en provenance des stocks militaires